Chasse toute de finesse : voie persistante, mais très légère; on foule au bois ou en plaine. Laisser faire les chiens, être sobre d’appuis; ne pas les enlever, lorsqu’ils sont à la voie, pour les porter en avant, même si l’on aperçoit le lièvre qui se dérobe; si le défaut dure, chercher le vol-ce-l’est, y mettre un chien de créance pour tâter; s’il se récrie franchement, tout rallier sur lui. Ne fouailler et n’arrêter que si les chiens s’emballent sur le contre ou sur un change indiscutable.
Suivre à distance discrète, ne pas devancer. Pour forcer un lièvre, six chiens, au plus douze, conviennent, mais de haut nez.
En petite vènerie, il n’est pas question de détourner le lièvre ni d’user de relais.
Comme l’animal rencontre le change à chaque instant, faisant jaillir de leur gîte tous les lièvres du canton, il faut ici une sélection de chiens qui soient parfaitement de change, qui sachent maintenir la voie lancée sans s’émouvoir de trois ou quatre lièvres qui « leur partent à la truffe ». Au cas où l’on a doute sur le lièvre chassé, tâcher de retrouver son gîte. Si celui-ci est encore chaud, il s’agit d’un lièvre frais; arrêter les chiens et fouler le défaut. S’il n’y a pas de gîte, mais quelques herbes aplaties où le lièvre de chasse s’est flâtré, l’animal qui vient de partir est bien le nôtre.
Le lièvre ne livre jamais un camarade. Si deux lièvres fuient de compagnie, c’est fortuitement, et ils ne tarderont pas à se séparer.
Inutile de mettre au lièvre de grands chiens poitevins ou saintongeois; on constituera une jolie meute avec les beagles, les griffons bretons, les petits vendéens à pattes droites, les ariégeois, les artésiens, les porcelaines, les harriers gris, les harriers tricolores ou les briquets.
La chasse à courre du lièvre ne nécessite que peu de frais. Si l’on est bon marcheur, on peut même se passer de suivre à cheval. Il faut cependant au moins un homme à cheval.
L’animal a tendance à randonner, c’est-à-dire à se remettre à son point de lancer; il est très rusé, trace des crochets, des hourvaris, double sa voie. Les inventions du lièvre sont d’une fantaisie diabolique; il prend l’eau, gîte dans un îlot, grimpe sur une tête de saule, se cache sous la rive; sur ses fins, portant queue et oreilles basses, il se gîte une dernière fois, cherchant un trou de lapin, une garenne de blaireau, un arbre creux, même les jupes d’une paysanne. Les chiens le relancent et le prendront en quelques foulées.
A la curée, on lève et en offre le pied droit; on dépouille l’animal; le piqueur aura soin de donner un morceau de bonne viande à chacun des chiens séparément, en les appelant par leur nom, pour que les chiens timides aient leur part. On leur laissera faire curée ensemble sur ce qui reste du lièvre. Le piqueur peut avoir prévu un morceau de pain pour le tremper dans le sang du lièvre et ainsi allonger le menu des chiens. Dans la même journée, on peut attaquer un deuxième lièvre.
Le lièvre
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